Comment financer la reprise d’une entreprise ?

financer achat entreprise

Reprendre une entreprise est un projet ambitieux qui nécessite une solide préparation financière. Contrairement à la création d’une nouvelle activité, la reprise permet de bénéficier d’un fonds de commerce existant, d’une clientèle fidèle et d’une activité déjà en place. Cependant, cette opportunité a un coût, souvent conséquent. Pour réussir votre projet, il est essentiel de bien structurer son plan de financement en combinant plusieurs sources de fonds.

L’apport personnel : une base essentielle

Avant de chercher des financements externes, il est indispensable de mobiliser des fonds propres. En moyenne, un repreneur doit pouvoir couvrir entre 25 et 30 % du prix d’achat avec ses ressources personnelles. Cet apport montre votre engagement aux partenaires financiers et renforce votre crédibilité auprès des banques et des investisseurs.

Plusieurs solutions permettent de renforcer cet apport personnel :

  • L’épargne salariale peut être débloquée de manière anticipée si vous en possédez une.
  • L’ARCE (Aide à la Reprise et à la Création d’Entreprise) permet aux demandeurs d’emploi de percevoir 45 % du reliquat de leurs allocations chômage sous forme de capital.
  • La love money, qui consiste à solliciter des proches (amis, famille) pour une participation au capital en échange d’un avantage fiscal.
  • Les prêts d’honneur accordés par des réseaux comme Initiative France ou Réseau Entreprendre permettent d’obtenir un prêt à taux zéro, souvent couplé à un prêt bancaire.
  • Le crowdfunding sous forme de financement participatif peut être une option intéressante, mais doit être bien réfléchi pour éviter de compromettre la confidentialité du projet.

Les prêts bancaires : une source de financement incontournable

Même avec un bon apport personnel, un financement bancaire est souvent nécessaire pour boucler le plan de financement. Plusieurs types de prêts peuvent être sollicités.

Le prêt bancaire classique est l’option la plus courante. Il est généralement accordé pour une durée de 7 ans et couvre jusqu’à 70 % du prix d’acquisition de l’entreprise. Pour maximiser vos chances d’obtenir ce prêt, un dossier solide est requis, incluant un business plan détaillé, un prévisionnel financier et une analyse des performances de l’entreprise cible.

Le crédit vendeur est une alternative intéressante. Il s’agit d’un accord avec le cédant qui accepte d’échelonner une partie du paiement sur une période de 1 à 3 ans. Cette solution permet de limiter le recours aux banques et rassure les autres partenaires financiers sur la viabilité du projet.

Bpifrance propose un prêt transmission allant de 40 000 à 1 500 000 euros, qui vient en complément d’un prêt bancaire pour faciliter la reprise d’entreprise. Ce prêt est particulièrement avantageux puisqu’il ne demande ni garantie ni caution personnelle.

Le crowdlending, ou prêt participatif, permet d’obtenir des financements sous forme de prêts auprès de particuliers via des plateformes en ligne. Ce mode de financement est à considérer lorsque le projet est attractif pour les investisseurs privés.

Les financements alternatifs pour compléter l’investissement

Outre les prêts bancaires et les fonds personnels, d’autres solutions existent pour financer une reprise d’entreprise.

Les comptes courants d’associés permettent aux actionnaires ou aux associés de prêter de l’argent à l’entreprise. Ces apports sont enregistrés au passif du bilan et peuvent être remboursés ultérieurement.

Le capital-investissement est une solution pour les reprises de plus grande envergure. Les business angels et fonds d’investissement peuvent entrer au capital de l’entreprise pour financer l’opération, en échange d’une participation dans l’actionnariat.

Le crédit-bail (leasing) peut être utilisé pour financer l’acquisition de matériels ou de véhicules sans impacter immédiatement la trésorerie de l’entreprise. Cette option est particulièrement intéressante pour les entreprises ayant besoin d’un renouvellement régulier de leur équipement.

Enfin, les financements solidaires sont disponibles pour les entreprises opérant dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Ces dispositifs permettent aux entrepreneurs engagés dans des projets à impact social ou environnemental de bénéficier d’aides spécifiques.

Garantir son prêt pour rassurer les banques

Pour convaincre une banque d’accorder un prêt, il est souvent nécessaire de présenter des garanties. Plusieurs organismes peuvent intervenir pour garantir un emprunt bancaire.

Bpifrance propose une garantie transmission qui couvre jusqu’à 50 % du montant des prêts bancaires souscrits pour une reprise d’entreprise. Cette garantie est particulièrement utile pour les nouveaux entrepreneurs qui n’ont pas encore un historique solide de gestion.

L’association France Active offre des garanties couvrant jusqu’à 80 % du prêt, permettant ainsi aux entrepreneurs d’accéder plus facilement aux financements bancaires sans engager leur patrimoine personnel.

Les fonds de garantie régionaux ou départementaux peuvent également intervenir pour sécuriser un emprunt. Il est conseillé de se renseigner auprès des chambres de commerce et des collectivités locales pour connaître les dispositifs disponibles.

Enfin, les sociétés de caution mutuelle (SCM) permettent aux entrepreneurs de bénéficier d’une garantie bancaire collective. Elles peuvent garantir directement l’emprunteur ou contre-garantir la banque, ce qui limite les risques pour les établissements prêteurs.

Optimiser son montage financier pour sécuriser la reprise

Un bon montage financier repose sur une combinaison équilibrée entre fonds propres, emprunts et financements alternatifs. Il est conseillé d’adopter une approche flexible, en négociant avec les banques et les investisseurs pour obtenir des conditions de financement avantageuses.

  • Privilégier le crédit vendeur pour réduire la part d’emprunt bancaire.
  • Négocier les taux et les échéances des prêts avec plusieurs établissements bancaires pour obtenir les meilleures conditions.
  • Minimiser les garanties personnelles en s’appuyant sur les dispositifs de garantie existants.
  • Éviter de trop s’endetter en conservant une marge de manœuvre pour la gestion quotidienne de l’entreprise après la reprise.

L’accompagnement par des experts financiers, comptables et juridiques est indispensable pour structurer un montage financier optimal. Il est conseillé de faire appel à un courtier en financement ou à un expert en transmission d’entreprise pour maximiser ses chances d’obtenir un financement adapté.

Conclusion

La reprise d’une entreprise est une opportunité stratégique qui nécessite une approche financière rigoureuse. Grâce à un bon équilibre entre apport personnel, prêts bancaires, financements alternatifs et garanties, il est possible de sécuriser le financement de l’opération tout en limitant les risques. L’essentiel est de bien préparer son dossier, de comparer les options de financement et de s’entourer d’experts pour réussir son projet dans les meilleures conditions.

Dans la même thématique :