La France évite le repli avec une croissance de +0,3 %

La France évite le repli avec une croissance de +0,3 %

Contre toute attente, l’économie française a enregistré une croissance de +0,3 % au deuxième trimestre 2025. Ce léger rebond, supérieur aux prévisions de +0,1 %, témoigne d’une certaine résilience face à un environnement économique toujours incertain, marqué par des tensions commerciales, une inflation persistante et une vigilance budgétaire accrue.

Un trimestre porté par la consommation et les stocks

Le principal moteur de cette performance reste la consommation des ménages, qui affiche une progression modeste mais réelle. Les dépenses alimentaires, stimulées par des effets saisonniers et une météo favorable, ont contribué à soutenir l’activité. En parallèle, un effet technique notable vient des entreprises, qui ont reconstitué leurs stocks, créant un apport temporaire mais significatif à la croissance trimestrielle.

Une demande intérieure encore fragile

Si la consommation se stabilise, la demande intérieure finale demeure globalement atone. L’investissement des entreprises reste en demi-teinte, limité par l’incertitude sur les débouchés extérieurs et les conditions de financement. Quant à la dépense publique, elle est contenue par les impératifs de réduction du déficit, ce qui limite tout effet de relance budgétaire immédiat.

Le commerce extérieur, facteur négatif

Le commerce extérieur pèse sur la dynamique économique. La progression des importations dépasse celle des exportations, ce qui réduit la contribution nette du commerce à la croissance. Cette situation reflète à la fois une faible compétitivité sur certains segments industriels et une demande mondiale encore perturbée par les tensions tarifaires internationales.

Tableau des composantes du PIB français au T2 2025

Détail des contributions à la croissance
ComposanteContribution au PIBObservation
Consommation des ménages+0,1 ptEffet saisonnier positif (alimentation, services)
Formation de stocks+0,5 ptReconstitution temporaire, effet technique
Investissement0,0 ptStagnation dans les entreprises comme dans le BTP
Commerce extérieur–0,2 ptImportations > exportations

Une amélioration fragile dans un contexte budgétaire tendu

Si ces chiffres offrent un souffle d’optimisme, ils ne masquent pas les difficultés structurelles. La France affiche toujours un déficit public élevé, estimé à 5,4 % du PIB. Le gouvernement vise un retour à 3 % à l’horizon 2029, via des efforts de rationalisation de la dépense publique et des réformes fiscales. Cette rigueur budgétaire limite toutefois les marges de manœuvre pour soutenir l’activité à court terme.

Les signaux à surveiller

À la veille du second semestre, plusieurs éléments conditionneront la trajectoire de la croissance :

  • La solidité de la consommation en période estivale
  • La reprise potentielle de l’investissement privé
  • L’évolution des prix de l’énergie et des matières premières
  • Le maintien ou non d’un niveau d’inflation maîtrisé autour de 2 %

Si ces indicateurs évoluent positivement, la croissance annuelle pourrait atteindre environ +0,7 % en 2025, ce qui reste modeste mais compatible avec les objectifs de stabilité macroéconomique affichés par les autorités.

Une reprise technique plus que structurelle

La croissance de +0,3 % observée au T2 2025 repose en grande partie sur des facteurs techniques et transitoires, plutôt qu’un redémarrage structurel de l’économie. Le défi pour les mois à venir sera de transformer cette embellie ponctuelle en une dynamique plus pérenne, fondée sur l’investissement productif, l’innovation et la montée en gamme de l’industrie française.

Dans cette optique, les réformes en cours et à venir devront viser un double objectif : rétablir l’équilibre budgétaire sans étouffer la demande, et favoriser la compétitivité sans sacrifier la cohésion sociale. Un défi d’équilibriste, à l’image de cette reprise encore hésitante.

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